jeudi 14 juin 2018

dimanche 18 août 2013

LE MUR DE L'ATLANTIQUE A LORIENT

LE MUR DE L'ATLANTIQUE

LES RAISONS DE SA CONSTRUCTION

                            Siège d'une importante base de sous-marins Lorient devient une cible privilégiée pour l'aviation alliée. Entamant une longue série d'offensives nocturnes la Royal Air Force effectue un bombardement dès la nuit du 27 septembre 40. La cité morbihannaise va payer un très lourd tribut aux attaques aériennes, il faudra   la reconstruire  entièrement après la guerre .

Dès 1941 les premiers abris à l'épreuve des bombardements sont édifiés au bord du Scorff et du Ter (Dom Bunker). Inévitablement la construction de la base sous-marine de Keroman impose la fortification d'une zone défensive. La base aérienne de Lann-Bihoué vient compléter le dispositif.


Le 22 juin 1941, rompant le pacte germano-soviétique, les troupes allemandes commencent à envahir le territoire de l'URSS : c'est l'opération Barbarossa. Dès 1942, Hitler pressent l'inéluctabilité d'un débarquement allié sur l'Ouest de l'Europe. Voulant éviter à tout prix la création d'un second front, le Fürher dans sa conférence d'Etat Major du 13 août 1942, dit : "Es gibt eine Kampffront : die andere Front kann nur Vertteidingunsfront mit geringen Kräften sein." (il n'existe qu'un front de combat, le deuxième ne peut être qu'un front défensif avec des forces insuffisantes). Le Haut-Commandement allemand décide alors de rendre imprenable les côtes de l'Atlantique et la Manche par des fortifications conçues sur le modèle de la ligne Siegfried.

Face à l'URSS, l'armée allemande va vers des difficultés croissantes. La bataille de Stalingrad,  de septembre 42 à février 1943, met un point d'arrêt à l'invincibilité nazie. Cette défaite de la Wehrmacht marque un tournant décisif de la Seconde Guerre Mondiale :  elle permet de répandre dans le camp allié la certitude de la victoire finale.


 
CAHIER DES CHARGES ET PRIORITE DE L'ATLANTIKWALL

Hitler estime que les alliés, grâce à leur supériorité aérienne et navale considérable, vont débarquer en plusieurs points du littoral Ouest et larguer des commandos derrière les lignes allemandes.  Une fortification côtière  orientée à la fois vers la mer et vers la terre s'impose et le Haut-Commandement allemand définit l'ordre d'urgence des zones à renforcer.

Les bases sous-marines sont indispensables pour continuer la lutte contre les navires et les convois alliés . Elles doivent être protégées par une ceinture de fortification suffisamment éloignée du centre pour que les sous-marins soient préservés des tirs d'artillerie . En général, pour assurer la défense d'un tel site, l'Etat-major Allemand estime impératif d'implanter au moins deux batteries d'artillerie côtière lourde, deux de calibre moyen et plusieurs de calibre plus léger .
Les grands ports doivent disposer d'un vaste périmètre de protection,  les Alliés pouvant y débarquer facilement du matériel lourd.
Les îles sont à défendre puissamment car essentielles au contrôle du trafic maritime.
Les portions du littoral susceptibles de favoriser un débarquement sont à fortifier

Le cahier des charges des fortifications doit remplir plusieurs conditions  :

- Abriter efficacement le maximum d'armes et d'hommes contre les bombardements d'aviation et les tirs d'artillerie.
- Mettre le plus possible de canons sous béton (épaisseur des murs : 2,00 à 3,50 mètres de béton armé)
- Accoler  aux batteries lourdes une défense contre avions très puissante.
- Rendre chaque site capable de mener un combat rapproché sans soutien extérieur.
- Echelonner la défense en profondeur.
- Doter tous les points d'appuis de lance-flammes et d'armes antichars puissantes (calibre 50 m/m minimum)
- Procéder à un camouflage très soigné, afin que malgré les renseignements obtenus par l'espionnage, il soit très difficile de repérer les objectifs à bombarder sur le terrain.

L'organisation Todt[1] sous l'égide du Génie de Forteresse de l'armée allemande va employer des milliers d'ouvriers français et étrangers pour édifier le "Mur de l'Atlantique" selon ces instructions .
Au 1er juillet 1944, la Bretagne compte 2723  ouvrages achevés ( et des centaines d'autres en chantier ),  676 dans sa partie Nord et 2047 dans sa partie Sud et Ouest  incluant  3 bases sous-marines (St Nazaire, Lorient, et Brest).

Dans le secteur de Lorient sur près de 600 ouvrages prévus 420 seront achevés dont 26 de classe A[2], 38 pour tourelles ou coupoles cuirassées, 12 positions de batteries sous embrasures, plus de 100 ouvrages pour canons antichar, mitrailleuses, mortiers, lance-flammes et postes de transmissions. Tout cela sans inclure un grand nombre de tobrouks (trou individuels bétonnés) parsemant le dispositif.



[2]Classe A: murs extérieurs et plafond de 3,5 m d'épaisseur de béton armé, murs intérieurs de
1 m à 0,80 m.)

LA MARINE FRANÇAISE EN 1939 A LORIENT LA DÉFENSE DES COTES

LA DÉFENSE DES COTES EN BRETAGNE SUD 
SECTEUR DE LORIENT

LA MARINE FRANÇAISE EN 1939 A LORIENT  LA DÉFENSE DES COTES 

Le commandement des Forces Maritimes de l'ouest était à Brest , sous les ordres de l'amiral Laborde.


Le port de Lorient était le chef lieu de la 5è région maritime, sous les ordres du V. A d'escadre de Penfentenyo de Kervereguen, préfet maritime de la 5è région.


La 5è région maritime comprenait les secteurs de défense de Lorient et de Rochefort. Le secteur Quiberon/Loire fut crée le 11 juin 1940.


MISSION SPECIFIQUE DU SECTEUR DE LORIENT


Le secteur de défense sous la responsabilité des hautes autorités maritimes de Lorient était le front de mer, de Lorient jusqu'à la Loire.

Ses missions étaient de :

-préserver la baie de Lorient contre les attaques et en maintenir les accès libres aux bâtiments de haute mer, de Lorient jusqu'à la Loire.
- interdire l'occupation de Groix et de Belle Ile
-défendre la rade de Quiberon et l'estuaire de la Loire
-arrêter toute tentative d'embouteillage des ports de Lorient et de Saint Nazaire
-empêcher un débarquement de troupe par voie de mer
Pour mener à bien sa tâche de défense côtière les forces maritimes de Lorient s'appuyaient sur 4 moyens, l'aviation pour la reconnaissance, les troupes pour la défense à terre, les canons de côtes en batterie dans les forts, la défense antiaérienne.


L'AVIATION


L'aéronautique navale: les forces aériennes basées à Lorient faisaient partie de l'escadrille 1 S 2
Il y avait en février 1940, 9 appareils de surveillance côtière
6 Gourdou 812 et 3 Laté 523

Lorient disposait également de ballons captif :
-2 pour le dragage et 1 de patrouille


LES TROUPES DE DÉFENSE DU LITTORAL


Le 15 octobre 1939, l'organisation de défense du littoral de Lorient était articulée ainsi:

Organe du commandement E tout d'abord à Lorient puis à Vannes

4è bataillon du 265è R.I. et 209è compagnie de mitrailleuses de position du 265è R.I. à Belle ILe

5è bataillon du 265è R.I. et 210è compagnie de mitrailleuses de position du 265è R.I. à Quimperlé et Groix

211è compagnie de mitrailleuses de position du 265è R.I. à Quiberon et au Fort de l'Eve

51è batterie de canons de 75 mm du 355è Régiment d'Artillerie à Hennebont

41è escadron du 19è régiment de Dragon à Ploemeur

Un effectif total de 2 200 hommes.

L'ARTILLERIE CÔTIÈRE


LES BATTERIES DE COTES EN SERVICE EN 1939


Secteur de Lorient

LE TALUD : 4 canons de 240 G
LOQUELTAS: 2 canons de 75 G
GAVRES : 3 canons de 105 -Eh V SF
PORT LOUIS : 3 canons de 75 G
GROIX ( Fort du Mené ) : 4 canons de 120 G

Secteur de Quiberon

BELLE ILE ( Taillefer ) : 4 canons de 138 modèle 1893
2 canons de 75 E
CONGUEL : 2 canons de 75 G
( défense des passes )

Il était prévu en complément des batteries dites de circonstance approvisionnées à 60 coups

BELLE ILE ( Kerdonis ) : 2 canons de 95 G
HOUAT : 4 canons de 95 G
HOEDICK : 2 canons de 95 G
ILE DUMET : 2 canons de 95 G

Fin 1939, l'amirauté pensait peu probable une opération allemande sur les côtes bretonnes et réduisit le nombre de ses batteries armées, elle les classa en 3 catégories:
-batterie au complet de guerre, pour les principales
-batterie armée, armement réduit
-batterie de réserve, en gardiennage
Début 1940 situation des batteries côtières

Des batteries de circonstance furent désarmées et servirent à remonter d'autres batteries.

Armement complet:

Secteur de Lorient:


LE TALUD : 2 canons de 95 G
LOQUELTAS: 2 canons de 75 G
GAVRES : 2 canons de 105 -Eh V SF

Secteur de Quiberon

BELLE ILE ( Taillefer ) : 4 canons de 138 modèle 1893
CONGUEL : 2 canons de 75 G
PORT KERNE : 2 canons de 95 G
BELLE ILE, ER HASTELLIC : 2 canons de 95 G
HOEDICK : 2 canons de 95 G

Batteries de réserve

secteur de Lorient

FORT DU TALUD : 4 canons de 240 G
PORT LOUIS : 3 canons de 75 G
ILE DE GROIX, FORT DU MENE : 2 canons de 120 G

secteur de Quiberon

KERGROIX : 4 canons de 164/93.96 SF
BELLE ILE, TAILLEFER : 2 canons de 75 GE
PORT LOUIS : 3 canons de 75 G

En outre, les batteries du Fort du Talud, de Port Luis, du Méné, de Port Kerné, de Belle Ile étaient également des batteries de semonce.

Les batteries restantes étaient simplement gardiénnées.

Les effectifs des batteries de côtes en 1940

L'artillerie côtière française de Lorient avaient pour effectif réels au 1er janvier 1940 :

7 officiers, au lieu des 14 prévus
63 officiers mariniers, au lieu des 77 prévus
710 hommes d'équipage, au lieu des 825 prévus

Puis suite au mesures de déclassement des batteries de côtes, il restait au printemps 1940:

7 officiers, 38 officiers mariniers, 336 hommes d'équipage

De plus le 16 mai, une mesure d'urgence fit expédier sur Paris tous les canons de 47 et 65 mm
( pièces en position ou en stock )


LA DEFENSE ANTI AERIENNE DE LORIENT

En 1939 il n'existait aucune batterie de D.C.A. lourde pour défendre Lorient.

Début 1940, étaient en place 2 batteries de 75 mod 97 CA, 2 affûts de 37 CA, 5 projecteurs, 2 ensembles d'écoute.

Le guet aérien, était assuré par les sémaphores de la Tour de la Découverte, Gâvres, Beg Melen et
le Fort de la Croix de l'île de Groix.

Fin mai 1940, la situation militaire évoluant, les batteries de D.C.A. étaient réparties ainsi:

1 batterie de 75 CA à Kerner
1 batterie de 75 CA à Kerpape
1 affût double de mitrailleuse de 13,2 mm à Port Louis
1 affût quadruple de mitrailleuse de 13,2 mm sur l'île Saint Michel

MAI / JUIN 1940 LA DEFENSE COTIERE DE LORIENT


Fin mai 1940, l'amirauté française qui craignait des coups de mains allemands et des
bombardements décidait de renforcer la surveillance et la défense des points sensibles.

Elle donna l'ordre de dresser des obstacles pour rendre impossible des intrusions par voie de mer ou d'air sur les plages et les plan d'eau , et de placer de l'artillerie pour couvrir les routes.

Des groupes de 2 mitrailleuses furent implantés dans les secteurs suivant:

embouchure de la Laïta
Fort du Loch
Larmor
Kerpape
Gâvres
Carnac
Penthièvre

Des canons de réserve générale de la flotte auxiliaire furent montés sur des plates-formes en bois:

canon de 75 sur affût G

Carnac 1 pièce
Penthièvre 2 pièces
Gâvres 1 pièce
Kerpape 1 pièce
Fort Bloqué 1 pièce
le canon de 95 du Fort du Loch fut réarmé

Il était de plus prévu de renforcer les secteurs principaux par le montage sur affût improvisés de dizaines de mitrailleuses de 13,2 mm encore en dépôt à l'arsenal.

L'obstruction plages fut également entreprise, notamment sur les plages de :

Carnac, Penthièvre, Gâvres, Kerpape, Fort Bloqué.

mais il était trop tard pour organiser une défense cohérente du front terrestre, la seule chose à l'ordre du jour était l'évacuation et le sabotage des installations restantes.

Le Maréchal Pétain négociait l'armistice pendant que quelques marins se faisait tuer au symbolique combat des 5 chemins à Guidel.

Lorient était investis par la Wehrmacht, et les batteries côtières française allaient servir d'ancrage à la nouvelle et très puissante défense du littoral allemande.

lundi 5 février 2007

MARINE-ARTILLERIE-ABTEILUNG 264

FESTUNG LORIENT

LES BATTERIES COTIERES ALLEMANDES DE LORIENT



Du 7 août 1944 au 10 mai 1945, la forteresse allemande de Lorient était assiégée par les troupes américaines et françaises, ce fut " la poche de Lorient ". Ce qui empêcha la libération de ce port fut la concentration exceptionnelle des moyens de défenses du Mur de l'Atlantique, notamment l'artillerie lourde côtière.

Le 21 juin 1940, l'armée allemande rentrait dans Lorient, la Kriegsmarine s'y installait rapidement pour transformer ce port en base de ravitaillement pour sous-marins, dès le 7 juillet, un submersible venait faire escale. Le 16 octobre, l'amiral Dönitz, patron des U-Boote établissait son Q.G. à Kernével. En 1941, les premiers abris à l'épreuve des bombardements étaient édifiés. La construction de la base des sous- marins proprement dite allait être entreprise en même temps que celle de la base aérienne de Lann-Bihoué.

La base de Kéroman prit très rapidement une importance stratégique considérable dans la bataille de l'Atlantique, il était vital pour les allemands de la protéger efficacement.

Des mesures de protection contre les avions furent prises par le déploiement de près de 30 batteries de D.C.A. lourdes. La possibilité d'un débarquement fut écartée par la fortification systématique de chaque port et chaque plage autour de Lorient. Une 2è ligne de casemates pour l'artillerie de campagne fut également installée, et 36 000 mines posées.

La protection contre une éventuelle attaque de navires alliés reposait essentiellement sur la mise en place de batteries de côtes dotées d'artillerie lourde et protégées sous un épais cuirassement. ( protection des batteries lourdes; catégorie A: murs extérieurs et plafond de 3,5 m d'épaisseur de béton armé, murs intérieurs de 1 m à 0,80 m.)


D'après des documents d'archives, on peut estimer qu'il existait en juillet 1944, au moins 550 ouvrages pour assurer la défense de la Festung Lorient.

Toutes sortes d'armes étaient disposées pour garnir ces blockhaus, artillerie de marine, pièces de campagne, canons antichar, armes automatiques sous coupoles blindées, mitrailleuses, mortiers et lance-flammes.

Lorient était entouré d'un fossé antichar ( 3,5 m de large sur 2,5 m de profondeur ).Le Mur de l'Atlantique ici était une réalité.

Une succession de points fortifiés ( Widerstansnest et Stützpunkt ) formaient une ligne de feux ininterrompue du Pouldu à Carnac. Mais la défense était principalement orientée vers la mer, et à l'été 1944 le commandement allemand[1], s'inquiéta de la faiblesse, relative de sa défense terrestre.

Ces fortifications étaient également destinées à regrouper les troupes anti-débarquement, et devaient stocker armes, vivres et munitions pour permettre de résister 12000 hommes à 2 mois de siège. En fait la base de Lorient, et ses 25 000 hommes de troupe, fut encerclée pendant 9 mois, du 7 août 1944 au 10 mai 1945.
L'ARTILLERIE COTIERE DE LA KRIEGSMARINE
A LORIENT

Pendant la première guerre mondiale l'armée allemande aligna des batteries côtières pour éloigner la flotte ennemie et empêcher un débarquement, ce système fut utilisé avec succès pour défendre les Dardanelles.

Pendant la deuxième guerre mondiale, elle appliqua à nouveau ce système à toute la côte Européenne. Les canons nécessaires à la défense des côtes furent prélevés dans les stocks d'armement des pays conquis.

A Lorient la protection de la Base des sous-marins était assurée dans un premier temps pas des batteries d'artillerie de campagne de la Heer. Puis fin 1940 la Kriegsmarine déploya sa propre artillerie de protection portuaire. L'unité d'artillerie côtière qui vint assurer la défense de Lorient fut le MAA 264 ( 264è groupe d'artillerie de marine ).

Le MAA 264 fut formé en Frise Orientale au mois de juin 1940, et envoyé à Lorient à l'automne de cette année là. Le commandant de cette unité était le capitaine de corvette Slickers, il fut remplacé en juillet 1942 par le capitaine de frégate Heinrich Bertram. En août 1943, le capitaine de corvette Wilms lui succéda, jusqu'à la formation de "Poche de Lorient". Le poste de commandement du MAA 264 se tenait près de Lomener.

Dans un premier temps ce détachement disposait de 3 batteries réparties de la pointe du Talut à Gâvres, les canons était postés dans les forts français de Lorient

En 1941, la Kriegsmarine aménagea des emplacements de campagne pour mettre les canons en batteries à l'air libre, puis en conformité avec les directives du Mur de l'Atlantique, et pour se préserver des bombardements mit progressivement son artillerie sous casemates.

En 1943 Lorient était sous la garde des batteries lourdes du Talut et de Loqueltas ( 170 et
164 mm ) et de celles de Kernevel et de Gâvres ( 105 mm ).

Lors du raid anglais sur saint Nazaire de fin mars 1942 ( opération Chariot ), et du débarquement allié de Dieppe en août 1942 ( opération Jubilee ) les allemands constatèrent certaines lacunes dans leur dispositif. Il fut décidé de renforcer l'artillerie côtière autour des ports importants par l'intégrations de batteries lourdes ( de + de 200 mm ).

A Lorient, la puissance de feu de l'artillerie côtière allemande fut consolidée par la mise en place à l'entrée de la presqu'île de Quiberon d'une batterie ALFV * de 340 mm, et sur l'île de Groix d'une très moderne batterie sous tourelles de marine de 203 mm. (* artillerie lourde sur voie ferrée )

Les batteries côtières lourdes étaient organisées en points d'appui indépendants capables d'assurer seules leur défense rapprochée. Autour des casemates principales, on trouvait d'autres abris, pour la garnison, les munitions, parfois des blockhaus pour mitrailleuse ou canon antichar et des tobrouks pour la protection rapprochée. Ces positions étaient sous la protection de la FlaK lourde de la IV MARINE FLAK BRIGADE et possédaient des pièces légères afin d'être en mesure de se défendre contre les avions évoluant à basse altitude. Chaque batterie disposait de groupes électrogène, et de projecteurs. Lors du siège de la " Poche ", ces constructions servirent principalement de locaux pour le stockage de munitions et d'abri anti-bombardement, car les embrasures de tir des casemates étaient orientées vers la mer.

MARINE-ARTILLERIE-ABTEILUNG 264

LES BATTERIES DU MAA 264 AU MOIS D'AOUT 1944



FORT DU TALUT :

1/264 ( 1er batterie du 264è groupe d'artillerie côtière lourde de la Kriegsmarine )


Historique du fort:

Batterie d'artillerie, corps de garde type 1846, le fort fut transformé en 1880. Ce nouveau fort était prévu pour recevoir 5 canons rayés de 240 mm modèle 1876. La position fut dotée d'abris sous roc reliés par monte charge, et ce pour faire face à la menace de l'obus torpille.
En juin 1940 la batterie du TALUT possédait 4 canons de 240 G et 2 canons de 95 G.

1944

Située près du fort du Talut, cette batterie[2] défendait l'ouest de l'entrée du port de Lorient.

Son armement était constitué de 4 pièces de 170 mm SKL/40 modèle 1902, de 27 km de portée. Les canons provenant du cuirassé Braunschweig. étaient placés sous de grosses casemates type marine M 270. Cette unité reçut en renfort, dans un deuxième temps 4 canons de 75 mm français modèle 1897 qui servirent aux exercices de tir. La batterie disposait, d'un télémètre stéréoscopique de 5 mètres, sous tourelle blindée, et 2 coupoles périscopiques.

L'effectif de la batterie était de 150 hommes. En 1945, le commandant était l'enseigne de vaisseau Meyer.

Lors de la Poche de Lorient 2 canons furent placés sur plates-formes pour pouvoir tirer vers la ligne de front terrestre.


LARMOR / KERNEVEL


2/264 ( 2ème batterie du 264è groupe d'artillerie côtière lourde de la Kriegsmarine )


Cette batterie était répartie entre 2 postes de tir, l'un à Kernével, l'autre au fort de Loqueltas .

Fort de Loqueltas

Historique du fort:

Le fort fut construit en 1882 sur l'emplacement d'un réduit type 1846, il fut armé de 4 canons de 320 mm, en juin 1940 il abritait 2 canons de 75 G

1944
Devant le fort, la Kriegsmarine positionnait 4 canons français de 164 mm Mle 93.96[3], de 19 km de portée sous casemates M 270. Ils protégeaient le sud de l'entrée du port de Lorient. Le poste de direction de tir disposait d'un télémètre de 6 m sous abri. Les constructions bétonnées s'étalaient à l'Est du fort, dont 2 des casemates de marine.
En 1945, cette batterie[4] était sous les ordres du lieutenant de vaisseau Kessler.

Lors de la Poche de Lorient, 2 canons furent placés sur plate-forme hors des blockhaus pour pouvoir tirer vers le front terrestre, la position fut renforcée par 2 pièces de 105 mm SKC/32 en cuve.

La Batterie de Kernével
La batterie allemande qui dépendait du commandement de la 2/264, de Larmor, était équipée de 2 canons de 105 mm SKL/45 provenant du croiseur Berlin, placés sous casemates de type R 651 ils contrôlaient l'entrée du chenal portuaire.

La presqu'île de Kernevel, quartier général de la Base des sous marins, en 1944 devint une véritable forteresse ou étaient déployés canons antichars et armes automatiques dans des fortifications bétonnées. La défense de cette position fut renforcée pendant la poche de Lorient par 5 pièces de D.C.A. de 105 mm. SKC/32 en cuve .


GAVRES

3/264 ( 3 ème batterie du 264è groupe d'artillerie côtière lourde de la Kriegsmarine )


Historique du fort:

Cette batterie date de 1695, elle servait à la protection de Port Louis. Le fort fut construit entre 1876 et 1879, la presqu'île fut armée de 8 canons de 190 mm et 6 de 270 mm. En 1940, la batterie disposait de 3 canons de 105 -Eh V SF.
1944

La batterie de Gâvres[5] croisait ses feux avec les canons de Loqueltas et ceux de Groix, cette unité d'artillerie protégeait le sud est de l'entrée du port. Les 4 canons de 105 mm ( UTO L/45) , montés sur affût de sous marins et placés sous casemates M 270 remplacèrent à l'été de 1943 des pièces de 75 mm ( canon français mod / 97 ). Le P.C. situé dans un bunker à 2 étages possédait un télémètre protégé de 3 m.

En 1944 la 3/264 était sous le commandement de l'Enseigne de vaisseau Knoll, son effectif de près de 100 hommes.

Pendant la Poche de Lorient, 2 pièces furent placées sur plates-formes à l'extérieur des blockhaus, pour pouvoir tirer vers le front terrestre.


PORT LOUIS
En juin 1940, la citadelle était armée de 3 canons de 75 G.

En 1944, Port Louis[6] hébergeait la batterie légère du MAFLA 704 ( 5/704 ), avec des pièces de 37 et 40 mm FlaK, sous le commandement de l'Oblt Emil Chlebeck. Le 3/264 avait également une position de tir à l'Est de Port Louis, constituée de 2 casemates armées de pièces de 75 mod / 97.



PRESQU'ILE DE QUIBERON / PLOUHARNEL

4/264 ( 4 ème batterie du 264è groupe d'artillerie côtière lourde de la Kriegsmarine )


Cette batterie, la plus imposante du dispositif allemand, se situait à la base de la presqu'île de Quiberon, au lieu dit le Bégot[7]. Elle couvrait l'ensemble de la rade de Lorient de Belle Ile à Groix. A la différence des autres batteries, les canons très volumineux n'étaient pas protégés par des casemates, les 3 canons de 340 mm Schneider Mle 1912, sur affût pour voie ferré, étaient dans de gigantesques encuvements en bétons de 36 mètres de diamètre avec soutes à munitions attenantes. ( 4 encuvements avaient été construits ).Les locaux techniques, abris à personnel étaient à proximité. Cette artillerie d'origine navale fut convertie en canon sur rail pendant la première guerre mondiale. En juin 1940, l'armée allemande récupéra les canons du Bégot au dépôt d'artillerie française de Saint Pierre Quiberon. En 1943 ils furent placés sur le Mur de l'Atlantique pour protéger Lorient.

Les canons sur rails débarrassés de leurs trains de roulement et installés dans d'immenses cuves en béton, couvraient la rade de Lorient de Belle Ile à Groix. Le poste de direction de tir et l'imposant télémètre de marine étaient postés dans une haute tour en béton de 14 mètres qui resta debout malgré les nombreux tirs qu'elle encaissa pendant le siège de Lorient. La détection maritime était assistée par un radar Würzburg SEERIESE placé à proximité du poste de direction de tir.

Le commandement de la batterie était assuré en 1945 par le lieutenant de vaisseau Suling, l'effectif de la garnison était de 310 hommes.

Fin 1944, les très nombreux blockhaus présents ( près de 60 ) autour de la batterie et 10 canons de 75 barrant la presqu'île, permettaient aux allemands de conserver cette position isolée du reste de la forteresse. Le 16/02/1945, les allemands purent après avoir résolu beaucoup de difficultés techniques retourner leurs canons vers la front terrestre et opérer quelques tirs d'intimidation, notamment en direction de Vannes, ce qui causa une certaine panique, puis la batterie tira vers un P.C. français à 25 km de distance.
Un ancien F.F.I. témoigne : " Lorsqu'un obus du Bégot passait au dessus de votre tête on avait l'impression que c'était un wagon métro..."

L'artillerie américaine et française répliqua par un violent bombardement de plusieurs jours, qui neutralisa les pièces de 340.

canon de 340 Mle 1912 Schneider34 cm W kanone 674 (f), (codification allemande )

-calibre : 340 mm
-poids total : 164 tonnes
-longueur totale : 19, 50 m
-longueur du tube du canon : 15,30 m
-poids du tube du canon : 67 tonnes
-poids de l'obus: 432 kg
-portée maximale d'origine: 44 400 m


ILE DE GROIX / BATTERIE DU GROGNON
BATTERIE " SEYDLITZ "

5/264( 5 ème batterie du 264è groupe d'artillerie côtière lourde de la Kriegsmarine )


En 1940 la position d'artillerie française de Groix se trouvait au Fort du Mené, au Sud Est de l'île,
cette batterie était armée de 4 canons de 120 G.

Les allemands placèrent leur batterie lourde sur le Nord Ouest, près du fort du Grognon. Ils n'utilisèrent les forts de l'île que comme cantonnement.

La batterie allemande du Grognon[8] fut commencée en 1943, sa construction n'était pas totalement achevée en août 1944, néanmoins les installations principales étaient aptes au tir en juillet. Sa mission première était de défendre l'espace maritime à l'Ouest et au Sud de Lorient.

Cette batterie était constituée de 2 tourelles doubles de marine, Mle 1938 Krupp, ( 4 canons de 203 mm ), issues du croiseur SEYDLITZ. Elles étaient montées sur 2 puits bétonnés à 5 niveaux et bunkers à 3 étages souterrains. Les tirs de nuit pouvaient être réglés grâce à un canon de 150 mm C/36 KRUPP qui tirait des obus éclairants.

Le tir dirigé par télémètre Zeiss sous coupole blindée , était également conduit par radar sur objectif maritime. La coupole télémètrique blindée de 10,50 m , était placée sur le poste de commandement, un abri bétonné à 2 étages souterrains. Ce dernier était relié par tunnel protégé à un bunker R 622. Le canon de 150 mm d'éclairage disposait de son propre télémètre. Le radar maritime de la batterie était un Fumo 214 SEERIESE.

Ces tourelles cuirassées provenaient du croiseur Seydlitz.( tourelles B et C ). Cette position d'artillerie, la plus moderne de Lorient à l'été 1944, pouvait tirer sur 360° à plus de 35 km. La D.C.A légère de la position relevait du MAFLA 708. Le commandant de la batterie Seydlitz était fin 1944 l'enseigne de vaisseau Am Ende, l'effectif de la garnison était de 235 hommes.

Ces canons intervinrent le 7 août 1944, pour stopper la progression américaine vers Lorient, les obus de la batterie Seydlitz s'abattirent sur Hennebont, Languidic, et Branderion, les dégâts furent considérables. Des tirs furent également signalés vers Quimperlé, et sur les côtes libérées face à l'île.

La batterie de Groix appuya fin octobre 1944, une attaque allemande sur l'Est de la Poche de Lorient. Le village de Sainte Hélène fut pris par les allemands qui confortèrent leurs positions sur la rivière d'Etel. Les tourelles très modernes étaient redoutées car elles auraient pu écraser n'importe quel poste F.F.I. du front de la Poche. Heureusement le général Farhmbacher était soucieux de préserver ses munitions...

Début 1945, une batterie d'artillerie américaine à longue portée, positionnée sur la côte finistérienne en face, tira sur la batterie Seydlitz, mais ne causa pas de dégâts importants.

Après la reddition allemande de mai 1945, la marine française récupéra les installations intactes et en parfait état de marche, elle les conserva jusqu'en 1957 ou elles furent ferraillées...


canons de 203 mm de la Batterie Seydlitz
désignation: 203 mm Schiffskanone C/34 Krupp
-élévation : + 37° à - 10 °
-vitesse initiales de l'obus : 925 m/s
-poids de l'obus: 122 kg
-cycle de feu : 12 secondes
-portée maximum : 37 km
- rotation sur 360 °
-longueur du tube : 12, 15 m
-poids d'un canon : 20,7 tonnes
-poids total d'une tourelle : 248 tonnes





Sources :

Lorient Entstehung und Verteidigung des Marine Stüzpunkte 1940/1945. Général Farhmbacher & Amiral Mathiae. Prinz Eugen Verlag Edition
Le Mur de l'Atlantique II DOC Service Historique de la Marine Vincennes

Les données sur la batterie de Groix sont extraites du livre :
Seydlitz . Ile de Groix 1944-1957 Jean Humeau & Gil Van Meeuwen F.D.C.B Edition

Bibliographie sommaire :

Article " La Batterie du Fort du Talut " par Alain Chazette Magazine 39 / 45
Article : "Le point d'appui de Kernével" Michel Truttman Magazine 39 /45
Le Mur de l'Atlantique en Bretagne 1944.1994 Patrick Andersen Edition Ouest France

Organismes consultés :

Service Historique de la Marine Lorient
Musée de la Résistance Bretonne Malestroit

[1] FestungsKommandant : Oberst Kaumann

[3]Ces pièces avaient été démontées de la batterie française Kergroix à Quiberon.

[5]La position était codifiée LO 335.

[7]d La position était codifiée Va 300, la batterie E 673